Piero

Fornasetti

1913-1988

Piero Fornasetti (né le 10 novembre 1913 à Milan – mort dans la même ville au mois d’octobre 1988) est un peintre, designer, sculpteur et décorateur d’intérieur italien du XXème siècle, et le créateur de plus de 11 000 pièces différentes.

A partir de 1930, il suit une formation en dessin à l’Académie des beaux-arts de Brera, en est expulsé en 1932 pour indiscipline, ce qui permet son émancipation artistique.
Dans l’atelier de son père, Fornasetti expérimente plusieurs techniques de gravures ou d’impression (lithographie, travail sur cuivre, pointe sèche, monotype). À force de recherches et d’un emploi assidu de ces techniques, l’artiste acquiert une dextérité précise dans l’exécution.

La technique d’impression est déjà employée lors de sa participation à sa première Triennale à Milan, à 20 ans seulement, en y proposant une série de foulards de soie à motifs.
Il imprime pour les plus célèbres artistes de son temps des livres et des lithographies. Il crée la Stamperia d’Arte Piero Fornasetti. Des œuvres de Fabrizio Clerici, Carlo Carra, Massimo Campigli, Eugène Berman, Giorgio de Chirico, Orfeo Tamburi, Marino Marini et Lucio Fontana sont imprimées par ses soins.

Il ne souhaite pas limiter sa démarche artistique autour de la peinture mais l’étendre à tous les objets, surfaces ou matériau. En 1940, il rencontre Gio Ponti, un architecte et un designer avec lequel il collabora pendant des années. Sa rencontre avec l’architecte le conforte dans cette démarche artistique. Selon lui, une fois les lois du dessin assimilées, tout « sera possible ensuite : inventer, monter une exposition, faire de l’architecture, de la publicité, acquérir l’organisation, la méthode. »

Il s’intéresse aux métiers du verre, de la céramique, du tissu, du bois et de papier.

De 1943 à 1946, Piero Fornasetti s’exile en Suisse, mais il vécut la plupart du temps à Milan.

Dans les années 1950 et 60, Forsanetti avait choisi comme motif régulier sur les meubles et les objets le visage d’une femme polymorphe et placide. Ses yeux sont inspirés par une cantatrice du début du XXème siècle, Lina Cavalieri qui avait aussi conquis l’artiste Giovanni Boldini.

En 1970, il fonde avec des amis la Galleria dei Bibliofili.

Il est prioritairement un artiste graphique avec la ligne et le trait comme moyen d’expressions majeurs.

Dans les arts visuels, à cette époque, le Retour à l’ordre est un courant qui renoue avec la tradition de l’art classique. Le Novecento met à l’honneur l’imitation fidèle dans le rendu, la rigueur de la composition, la couleur comme moyen de définir plastiquement les figures. Selon l’artiste, la peinture doit être tonale comme l’étaient celles de Masaccio, de Giotto, de Piero della Francesca et ses héritiers comme Carra, Sironi ou Soffici et en architecture, il faut être rationnel.

Les motifs les plus fréquents de Piero Fornasetti sont en lien avec les architectures fantastiques, les jeux de cartes, les saltimbanques, les arlequins, les ruines, les obélisques et les trompes-l’œil. La reproduction, son usage d’un répertoire infini de sources visuelles, le collage et la répétition des motifs, bien avant le pop art, témoignent de l’aspect visionnaire de la démarche de Piero Fornasetti. Son éclectisme se traduit dans ses références visuelles et intellectuelles : les caractères de Giovanni Boldini, les recueils consacrés à Pompéi et à Herculanum par William Hamilton et le baron d’Hancarville, Pierre-François Hugues d’Hancarville, les caprices de Piranese, les plans d’édifices d’Andrea Palladio dans ses « Quattro libri dell’Architettura ». Il fait écho aux traditions ancestrales comme la marqueterie en intersia qui peignait la déconstruction d’architectures, de cartographies anciennes et de traités érudits d’astrologie du xvie siècle, magie populaire et cartomancie.

Notre miroir, l’un des plus beaux exemples en trompe l’œil à l’imitation du marbre vert de Campan et de camées romains date des années 50.

La production en série est récurrente dans son œuvre. (Le visage de Lina Cavalieri a subi plus de 350 métamorphoses depuis sa création en 1952). Ce sont des œuvres décoratives très recherchées.

À partir de la fin des années 1980, alors que les ventes des œuvres de Fornasetti sont en déclin, son fils, Barnaba, collabore avec lui pour relever l’entreprise puis poursuit l’œuvre de son père après son décès en en gardant l’esprit et en l’adaptant à l’univers du design contemporain.

Le Musée des Arts Décoratifs lui a consacré une grande rétrospective en 2015. Le Victoria & Albert de Londres avait déjà monté la sienne dès 1991.