Gérard

Schlosser

né en 1931

La figuration narrative dont fait partie Gérard Schlosser est un style pictural, un mouvement artistique apparu au début des années 1960 en France, en opposition à l’abstraction et au nouveau Réalisme. Ce n’est pas un mouvement à proprement parlé, la société contemporaine et les images sont placées au cœur de leurs œuvres.
Le critique d’Art, Gérald Gassiot-Talabot, définit ce qu’il entend par cette figuration « Est narrative, toute œuvre plastique qui se réfère à une représentation figurée dans la durée, par son écriture et sa composition, sans qu’il y ait toujours à proprement parlé de récit ».
Les principaux représentants de la figuration narrative sont Adami, Peter Klasen, Gilles Aillaud, Eduardo Arroyo, Jacques Monory, Gérard Fromager et Hervé Télémaque entre autres.
Schlosser lui fait entendre une petite musique personnelle, celle de la narration tranquille, c’est le peintre du « Cinéma immobile ».
Dès ses premières toiles il fait le choix de la figuration. Il devient très vite le peintre du choix parcellaire. Les personnages n’apparaissent que par des éléments corporels : jambe épaule nuque poitrine main. Schlosser recrée l’intensité de leur présence dans l’espace de leur plus grande intimité où leur corps parle à la fois d’eux-mêmes et d’instants de vie qui peuvent concerner chacun d’entre nous.
Les thèmes sont choisis d’après des photos qu’il prend personnellement. Il procède ensuite à un photomontage associant par le découpage deux ou trois éléments issus de documents différents pour recréer une scène de vie. Il peut alors peindre sa composition sur une toile sablée. Il le dit et le répète « je ne suis pas un peintre réaliste » mais il est sans aucun doute un peintre du réel ou plus exactement du rapport des hommes avec le réel.
Les titres de ses œuvres viennent confirmer cette idée : ils évoquent l’histoire individuelle de ses personnages. Le titre devient la composante écrite de la peinture il prolonge mentalement l’œuvre et en indique un sens qui permet au spectateur de dépasser l’image et de s’orienter vers un ailleurs supposé.
Se reflètent également dans ses tableaux des artistes qu’il affectionne tout particulièrement tels que Fernand Léger ou Gilles Aillaud.
Schlosser progresse sans cesse dans sa réinvention de l’image il joue encore et toujours avec la réalité des personnages du lieu et du tableau lui-même.
Chacune de ses séries nous raconte une histoire et touche profondément notre sensibilité et notre imagination comme ici avec cette femme en maillot de bain, avec cette représentation de la Vierge et de la pureté.
Gérard Schlosser définit lui-même très bien sa vision toute personnelle « la peinture ébranle la vision, exige une permanence du regard, une durée. Elle force le spectateur à aller plus loin, elle donne une ouverture, une profondeur qui peut changer le rapport des gens à la réalité. »