Bruno

Privat

né en 1953

Bruno Privat est né à paris en 1953, il poursuit des études de photographie et de cinéma. Il travaille dans le cinéma puis dans le cirque. Il sera l’un des premiers inscrits à l’école du cirque qu’Annie Fratellini et Pierre Etaix (grand Monsieur du cinéma) ouvrent en 1974 où il se forme aux disciplines suivantes : le fil avec Zizi Rasco et la prestidigitation avec Pierre Edernac. Après dix ans de spectacle de rue et de cirque où il participe notamment à la création du  cirque Aligre, devenu Zingaro, il revient au cinéma et à la télévision comme directeur de la photographie notamment pour Paulette et son dernier film Cerise en 2014.

Parallèlement à ces deux activités il n’a jamais lâché sa passion pour la photographie. Vous découvrez ici son univers emprunt de poésie et de profondeur notamment par la qualité de son procédé de tirage.

Sa technique de prise de vue qui exige des pauses très longues exclut l’instantané, qui rappelle le cours rapide du temps, ressuscite au contraire un temps suspendu, arrêté à l’image d’un paysage qui semble à la fois immémorial et contingent. Ces sténopés et leur caractère aléatoire sont une façon de capter l’écorce des choses qui est parfois leur essence.

Quelques explications par l’artiste :

« Depuis plus de dix ans, j’ai adopté le procédé du sténopé, selon le principe de la caméra obscura. La photo est prise au travers d’un très petit trou qui laisse passer la lumière afin qu’une image vienne se former sur le fond de la boite. Pour « enregistrer » cette image, un négatif est placé au fond de la boite et le sujet s’imprime lentement dessus. Ce qui nécessite des temps de pose assez longs car très peu de lumière  passe par ce trou infime.

J’ai construit des boites de différentes dimensions car n’ayant pas d’objectifs je dois changer de tailles de boites pour avoir un angle de vue différent. La dimension de la photo finale est la même que celle du négatif car je pratique des tirages dit à l’ancienne (papier salé, tirage au palladium) qui se font par contact.

Chaque format ou angle de prise de vue (longue focale ou grand angle) nécessite une boite différente qui n’a pas de viseur. Pour obtenir des grands tirages, j’ai fabriqué des boites contenant trois ou quatre négatif de 20×25 cm, ce qui me permet d’avoir des photos de 60×25 ou 50×40 cm.

Quant au principe du tirage : J’ai choisi de pratiquer des procédées anciens qui sont une suite logique de mes prises de vue. Je fais donc des tirages sur papier salé ou au palladium  (émulsion couchée au pinceau sur du papier). Ils se font par contact : le négatif et la photo finale ont donc la même taille. Ces tirages ont un côté aléatoire qui n’est pas pour me déplaire (chaque tirage est différent).

Les très grands formats sont exécutés  par l’Atelier Fresson  qui pratique le tirage au charbon

Ce système de prise de vue est bien évidemment plus contraignant que la photo numérique. Alors pourquoi ce choix ?

J’ai découvert une approche totalement différente de la photographie. Tout d’abord, il y a l’émerveillement de voir naître une image à partir d’une simple boîte en carton percée d’un trou d’épingle. Mais c’est surtout le rapport au temps qu’impose ce procédé qui est particulièrement intéressant. Avant d’exposer le négatif, il faut prendre le temps de réfléchir au meilleur emplacement pour l‘appareil. La boite n’ayant pas de viseur, il est impossible de prévoir le cadre avec précision.

Quand je photographie des personnages, le flou inévitable lié au temps de pose ne me gène pas et ces photos me racontent pleinement un moment de vie

 D’autre part, contrairement à la photo numérique et argentique où l’instant décisif est celui où l’on déclenche l’obturateur, ici la photo prend forme dans la durée. C’est ce temps d’exposition long (parfois plusieurs heures) qui rend le temps perceptible. De plus, le côté aléatoire des tirages renforce ce sentiment d’intemporalité, voire d’imprécision, à l’heure où tout est calculé/programmé/millimétré. »